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Comprendre les rouages des indicateurs 

Les différents rapports sur l’état de la biodiversité et de l’extinction massive des espèces relayent de nombreux chiffres et des slogans chocs. Bien qu’ils soulignent l’ampleur de la catastrophe écologique en cours, ils réduisent souvent la complexité du phénomène. Tentons de les aborder avec un regard plus critique.

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Crédit : WWF


À côté du rapport de l’IPBES (2019), le rapport « Planète Vivante » du WWF (2022) est l’un des plus récents et plus complets sur l’état de la nature dans le monde. Il utilise un « indice » qui se base sur des données scientifiques recueillies sur près de 32 000 populations suivies de 5 230 espèces de vertébrés réparties sur l’ensemble de la planète. Rappelons que le monde est constitué de plus de 70 000 espèces de vertébrés et de plus de 8 millions d’espèces vivantes estimées au total. Cet indice ne prend donc en compte qu’une partie de la diversité animale (les vertébrés : mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens) et ne couvre pas les végétaux et les insectes (qui représentent 80% des espèces animales recensées à l’heure actuelle sur Terre), bien plus abondants et variés et tout aussi nécessaires à la biodiversité. 

Par ailleurs, à chaque nouvelle édition du rapport, des espèces et des populations supplémentaires sont intégrées. Il faut donc prendre en considération cela si l’on compare les différentes éditions. 

Un autre indice, aussi souvent médiatisé, est la menace de disparition qui pèse sur les espèces.

La liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) répertorie ces espèces menacées. Actualisé annuellement, cet indicateur concerne 150 388 espèces étudiées. La liste rouge établit une échelle à sept barreaux : préoccupation mineure, quasi menacé, vulnérable, en danger, en danger critique, éteint à l'état sauvage et éteint. Dans les rapports, une espèce est considérée comme « menacée » quand elle est au stade « vulnérable », « en danger » ou « en danger critique ». On retrouve ainsi sous la même bannière de la « menace d'extinction » des espèces dont la population totale est estimée à moins de 50 individus matures et des espèces dont la probabilité d'extinction à l’état sauvage est d'au moins 10% en l'espace de 100 ans. Ce sont pourtant des niveaux de criticité assez éloignés.

L’intérêt de ces indicateurs réside moins dans les chiffres à un instant T que dans les tendances qu'ils dévoilent et qui permettent d’alerter sur le désastre en cours.

Une autre notion capitale pour les écologues est à prendre en compte : l’extinction fonctionnelle.

(Qui se différencie de la notion d’extinction - dernier individu d’une espèce qui meurt-, phénomène irréversible résultant d’un déclin progressif ou d’un effondrement de masse).

Au sein d’un écosystème, les espèces sont en interaction permanente et y remplissent de nombreuses « fonctions » : fertilisation du sol, garde-manger pour d'autres espèces, régulation des végétaux... Quand une espèce passe sous un certain seuil de population, elle n'est plus capable de remplir les fonctions qu'elle occupait précédemment. Elle existe toujours, mais du point de vue de l'écosystème, c’est comme si elle avait disparu. Cela complexifie donc cette notion d’extinction. 

Pour un écosystème, toutes les disparitions ne se valent pas. Certaines peuvent avoir des conséquences désastreuses, à tel point qu'on parle de « coextinctions », voire de « cascades d'extinctions ».