Aller au contenu principal

Outil pédagogique

Notre nouvelle nature

Guide de terrain de l'Anthropocène

Tsing

Il est impossible de saisir ce qu’on appelle l’Anthropocène au seul niveau global. Il nous faut réapprendre à redécouvrir notre Terre, la nouvelle nature où nous vivons désormais, territoire après territoire (ce qu’Anna Tsing appelle des patchs), en suivant aussi bien les dynamiques non humaines que celle des êtres humains.

Ce guide de terrain (tiré du site Fera Atlas) nous apprend à envisager les effets de nos infrastructures, à en étudier toutes les conséquences, souvent inattendues ou passées sous silence par leurs initiateurs, ce qu’Anna Tsing et son équipe appellent les effets « féraux ».
De la mutation des moustiques sur les navires transportant les esclaves d’Afrique vers les Antilles, devenus ainsi porteurs de la dengue, à la mer Noire privée de poissons, car envahie par les méduses transportées dans les ballasts des navires et favorisées par les insecticides et le réchauffement climatique, en passant par l’envahissante mérule, ce livre fourmille de mille exemples concrets.

L’équipe d’autrices, composée d’ethnographes et d’artistes, est conduite par Anna L. Tsing, anthropologue, professeure à l’université de Californie à Santa Cruz (où elle participe à la fois au département des études féministes et à celui des études environnementales), et à l’université d’Aarhus au Danemark. Elle a écrit plusieurs livres majeurs dont Le Champignon de la fin du monde. Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme (La Découverte, 2017). 

Avis et conseil d'utilisation

Lire l'interview d'Anna-Tsing sur le site de Reporterre
Extraits : sur la perspective décoloniale de l'ouvrage : "Tout d’abord, nous nous intéressons à l’emprise des infrastructures humaines sur les cinq derniers siècles, c’est-à-dire à partir de la colonisation européenne, et non pas de la Révolution industrielle. Puisque c’est à ce moment-là que les destructions et les bouleversements d’ampleur ont commencé, avec l’asservissement des peuples et de leurs terres. Nous le montrons dans le livre à travers l’exemple des plantations. 
Ensuite, nous cherchons à revitaliser les sciences naturelles en sortant des pratiques scientifiques occidentales, qui s’inscrivent également dans une histoire coloniale. Celle d’explorateurs européens qui viennent étudier des plantes ou des animaux, sans considération pour les populations indigènes vivant à leurs côtés. Nous ne voulons pas reproduire ça. C’est pourquoi nous accueillons différents types de savoirs, d’observateurs et de témoignages, émanant d’autres cultures et expériences locales."

[La prise en considération de cette nouvelle nature peut nous aider à forger de nouvelles formes de résistances face au capitalisme] en aidant à construire des coalitions de toutes sortes, entre communautés humaines et non humaines, et pas juste un seul grand mouvement. Cette analyse de terrain par les patchs est aussi un outil permettant de voir plus précisément où nous pouvons travailler les uns avec les autres, qui sont nos alliés et comment agir face à toutes ces agressions simultanées. Elles invitent à une politique par la coalition, plutôt que par l’héroïsme."