Dehors ! La nature pour apprendre
100 Symbioses avec vous
« Où trouver l’information souhaitée en matière d’éducation à l’environnement, quelles lectures entreprendre, comment profiter des expériences didactiques faites par les autres, à qui s’adresser pour trouver des animateurs ou des personnes-ressources ? De ce constat découle le premier objectif du Réseau IDée : servir de lieu et de moyen d’interconnaissance (…). Cependant, la diffusion de l’information ne suffit pas. Il faut aussi que son utilisation permette d’améliorer la formation en environnement. C’est le second objectif de notre Réseau : servir de lieu de réflexion et d’échange pour favoriser les options pédagogiques les plus adéquates, en comparant nos acquis avec ceux de l’étranger. (…) Notre troisième objectif : nous désirons devenir auprès des pouvoirs publics qui ont l’enseignement, la formation permanente, la recherche scientifique et l’environnement dans leur prérogatives le relais ou le médiateur de tous ceux que préoccupe l’éducation à l’environnement. »
En avril 1990, Louis Goffin1 semait ces mots dans le premier édito de SYMBIOSES. Il y a 23 ans. Le Réseau IDée naissait, et avec lui votre magazine. Depuis, le nouveau né a grandi de 100 numéros. Il s’est embelli, s’est élargi, a pris couleurs et lecteurs. Mais dans le fond, qu’est-ce qui a changé ? Le magazine, aujourd’hui adulte, a-t-il répondu aux espoirs que ses parents fondaient en lui : diffuser l’information, relier, valoriser les acteurs et les bonnes pratiques, donner à réfléchir et à agir ? Nous l’avons demandé à nos lecteurs. Nous vous livrons deux de leurs témoignages, les plus emblématiques. Pour Philippe Delfosse, inspecteur coordonnateur pour l’enseignement secondaire, « le magazine SYMBIOSES crée des ponts entre les différents acteurs de la “société éducative” ». Professeure et directrice d’un centre de recherche en ErE à l’Université du Québec à Montréal, Lucie Sauvé estime pour sa part que « SYMBIOSES est un périscope de l’actualité en ErE, un carrefour d’idées et d’acteurs, une incitation et un support à l’engagement pédagogique en matière d’environnement ».
Ce numéro 100 ne les contredira pas. Il est consacré à l’éducation dans et par la nature. Une sorte de retour aux origines de l’éducation à l’environnement. Non par nostalgie mais par nécessité. Pour « favoriser les options pédagogiques les plus adéquates ».
Il y a 23 ans, internet n’était qu’un embryon. On ne parlait pas encore de développement durable, ni de réchauffement climatique, si ce n’est dans quelques sphères onusiennes. Aujourd’hui, ils ont imprégné les discours politiques, scientifiques, médiatiques et même pédagogiques. En ce sens, on pourrait conclure que l’éducation à l’environnement se diffuse aujourd’hui mieux qu’hier. Avec (au moins) deux bémols cependant. Le premier : sensibiliser aux enjeux globaux liés à nos modes de consommation et de production éloigne progressivement une partie des éducateurs à l’environnement du nécessaire contact avec la nature. Il n’est plus rare, désormais, de voir certains enseignants et animateurs n’éduquer à l’environnement qu’en intérieur, à grand renfort de concepts, de prescrits comportementaux et de valises pédagogiques. Pourtant, l’environnement, c’est d’abord ce qui nous entoure. Une réalité physique. Si on ajoute à cela écrans divers, peurs de la nature, risque zéro, obstacles réels et croyances variées, le constat est sans appel : les enfants sortent dans la nature deux fois moins aujourd’hui que leurs parents il y a 30 ans. Ce dossier vous fera donc (re)découvrir des enseignants qui emmènent leur classe dehors chaque semaine, des animateurs qui rangent au placard l’éducation « hors sol » pour lui préférer la réalité naturelle.
Deuxième bémol : les résultats. Si en 23 ans, l’environnement est sans conteste entré dans les mentalités et les préoccupations, si de nombreux professionnels l’intègrent dans leurs pratiques pédagogiques, il n’en demeure pas moins que l’ouvrage est sans cesse à remettre sur le métier. L’éducation à l’environnement n’est pas encore généralisée, ni dans l’enseignement ni ailleurs. Mais on y travaille, lentement, progressivement, collectivement. En témoignent les Assises de l’Education relative à l’Environnement et au Développement Durable (ErE DD) à l’école, dont le Réseau IDée a été cheville ouvrière (voir pp. 28-29). Il s’agit d’un processus long visant à intégrer concrètement l’ErE DD dans l’institution scolaire et les stratégies politiques. En mettant autour de la table tous les partenaires utiles : acteurs du monde de l’enseignement et de l'environnement, de l’administration et de la formation, des cabinets ministériels et du secteur associatif. De quoi répondre en partie aux souhaits émis par Louis Goffin dans le premier édito de SYMBIOSES. Il terminait en appelant le lecteur à s’abonner, à rejoindre le réseau ou à inviter ses collègues à le faire, « pour constituer ensemble une force incontournable ». Exaucerez-vous son vœu, histoire d’être deux fois plus nombreux, dans 25 ans, à souffler nos 200 numéros ?
Christophe DUBOIS
1. alors professeur à la Fondation Universitaire Luxembourgeoise (FUL) et Président du Réseau IDée
Christophe Dubois
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