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Symbioses - Magazine - Editorial

Magazine Symbioses n°111 : A l'école du paysage

Symbioses - A l'école du paysage

Alors que certains vacanciers s'aventurent au-delà de nos frontières à la recherche de paysages enchanteurs, SYMBIOSES consacre son dossier d’été aux paysages de chez nous. Plus précisément, à l'éducation par et pour ces paysages. Le magazine de l'éducation à l'environnement part à la rencontre d'enseignants et d'animateurs qui nous apprennent à questionner et décoder nos territoires, à regarder nos paysages avec finesse, plutôt qu'à les voir furtivement. Quelles sont les méthodes éducatives pour analyser nos paysages ? Que nous disent-ils de notre histoire, de nos sociétés, de nos façons de vivre et de produire ? Comment s'en servir pour développer une éducation à la citoyenneté ? Comment s'en émerveiller, susciter des émotions ? Au-delà des paroles d’experts et de praticiens, ce dossier propose une recension d’outils pédagogiques et d’adresses utiles aux professionnels de l’éducation.

Date de parution : troisième trimestre 2016

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Editorial

A l'école du paysage

Le corps, médiateur de notre rapport au monde


Quelles sont les expériences fondatrices qui ont forgé dans notre vie notre rapport à l’environnement, à la nature ? Souvenons-nous du jardin chez le grand-père, du terrain vague dans le quartier, des balades en forêt, du potager à l’école, d’un camp en pleine nature, des cabanes dans le parc…


Sources d’émotions, d’explorations sensorielles, de mouvements, de contacts profonds avec soi, avec la nature, avec d’autres personnes, ces expériences concrètes ont contribué à enrichir nos représentations mentales, à forger notre identié, à préparer le terreau du vouloir et du savoir agir… C’était le sens de l’intervention de Dominique Cottereau lors des dernières Rencontres de l’Education relative à l'Environnement (ErE), « Sortir : des pratiques éducatives tous terrains ? » (voir article pp.20-21).


Sa porte d’entrée : le corps, médiateur de notre rapport au monde. S’appuyant sur un bagage expérientiel, en éducation physique notamment, et sur des références scientifiques et philosophiques, cette formatrice française en ErE, maître de conférence à l’Université de Tours, développe un réel plaidoyer pour inclure les expériences sensori-motrices dans l’éducation, et ceci tout au long de la vie. De nombreuses études démontrent que de telles expériences enrichissent nos images et nos représentations mentales et ainsi nos capacités d’abstraction et intellectuelles. Sur le terrrain éducatif, dans les écoles notamment, avec la montée des TICs également, force est de constater que ces expériences sensori-motrices sont peu voire pas usitées, excepté chez les plus jeunes enfants. Sur le plan social, notons également que nous n’avons pas tous le même accès à de telles activités favorisant les sens et le mouvement.


Le tout n’étant pas seulement de vivre ces expériences mais également de permettre aux personnes d’expliciter leur vécu, pour le « conscientiser ». Il s’agit alors d’une réelle éducation, dans le sens originel du terme. Car éduquer, comme le souligne encore Dominique Cottereau, renvoie au latin e-ducare qui signifie « nourrir » et e-ducere pour « conduire, amener hors de… » : « L’acte d’éduquer c’est aider un Etre à grandir, s’instruire, s’épanouir, s’émanciper… Construire son “être au monde” tout au long de la vie. »


Le thème de ce numéro de SYMBIOSES est l’occasion de taper sur le clou ! Le paysage, qui se trouve en bonne place dans le cursus scolaire notamment, est appréhendé le plus souvent à partir de photos, sollicitant essentiellement la vue, une vue emprisonnée, et délaissant les autres sens. Voilà pourtant un thème qui mérite d’être vécu sur le terrain, avec les pieds et les oreilles, le nez et le coeur. D’autant plus pour ceux qui ont peu l’occasion de vivre de telles expériences au « dehors ».


En l’absence d’une opportunité de sortie, l’expérience des participants peut être mise à profit et être sollicitée en les amenant, par exemple à se rappeler un paysage qu’ils connaissent bien, à éveiller ainsi les images intérieures, comme nous y invite Christine Partoune, autre formatrice en ErE et professeure à l’ULg (pp.6-7).


Après avoir connu un succès considérable dans les années ’90 en Education relative à l’Environnement , les approches sensorielles ont été moins investies par la suite, considérées parfois comme « bisounours » aux côtés d’approches plus intellectuelles. Elles reprennent aujourd’hui un nouvel essort, appuyées par des études contemporaines sur les bienfaits des relations à la nature et à l’environnement et des activités dehors. SYMBIOSES en parle et continuera à en parler pour inciter à donner à vivre au plus grand nombre de telles expériences sensori-motrices au dehors.


Joëlle VAN DEN BERG


 

 

Joëlle VAN DEN BERG 
secrétaire générale du Réseau IDée