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Symbioses - Magazine - Editorial

Magazine Symbioses n°113 : La rue est à nous !

Symbioses - La rue est à nous !

Ce numéro de Symbioses invite à mener des projets éducatifs dans la rue : pour y ramener l’humain, pour lui donner l’envie et la confiance de s’y aventurer, pour y éveiller ses sens, pour y exercer sa créativité, pour y apprendre, pour prendre son autonomie, pour s’ouvrir à l’autre et aux différences, pour travailler au dialogue entre les usagers, pour y soulever des pavés et se frotter au politique, pour y mener des projets collectifs… Bref, pour se réapproprier cet espace de vie commun, dans ses diverses dimensions, et à cette occasion, former des 'éco'-citoyens.

Date de parution : premier trimestre 2017

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Editorial

La rue est à nous !

La rue : espace humain ?


Qu’elles soient commerçantes, passantes, désertes, charmantes, sales, sans issue, riches, pauvres… les rues, telles des artères, sillonnent nos lieux de vie, nous relient à notre environnement proche et ouvrent des voies vers d’autres lieux, plus lointains.


En quelques décennies, les rues ont changé d’allure, perdant petit à petit leurs passants, leurs commères et leurs bancs, pour mieux faire circuler les voitures et les stationner. Nos rues sont devenues pour beaucoup un bref passage entre deux boîtes : de la voiture à l’habitation, de l’habitation à la voiture, de la voiture au travail ou au supermarché… Si possible en parcourant le moins de distance possible à pied.
Pour le meilleur et pour le pire, la rue relie les voisins. Pour le plaisir d’un bonjour, d’un échange, d’un geste de solidarité, d’une fête, d’une mobilisation pour ou contre un projet d’aménagement. Mais elle peut devenir un espace conflictuel, où s’affrontent, lorsque le dialogue peine, des sensibilités et des besoins différents, face au bruit, à la propreté, aux déjections de chiens, à la hauteur des arbres, au sentiment d’insécurité…


Tracée, construite, aménagée par l’homme, la rue est le témoin de nos modes de vie, d’aujourd’hui, et d’hier pour certaines. Reflet de diversités, individuelles et collectives, de rapports de force entre le politique, l’économique, le culturel et le social. Du patrimoine aux placards publicitaires, du piétonnier à la voie rapide, du commerce du coin au centre commercial, les écarts sont grands, la place de l’humain est peu à peu réduite dans l’espace public. Il le désinvestit alors, pour se réfugier dans ses petites boîtes étroites ou pour voyager toujours plus loin…


La rue, dans nos sociétés occidentales, n’est presque plus le chemin des écoliers, ni le terrain de jeux d’enfants ou de badauds. Pourtant, il y a tant de choses à découvrir : regarder « autrement » une façade, observer de plus près une plantule entre deux dalles, toucher des revêtements de murs, sentir (pas toujours bon), écouter les sons, les bruits, examiner un aménagement... Rencontrer des habitants, des métiers, des sans-abri… Se faire surprendre par des spectacles insolites mais aussi, quelques fois, par de mauvaises surprises. L’enrichissement des représentations mentales que procurent ces expériences peut notamment être observé à travers des dessins d’enfants du chemin vers l’école, qui s’avèrent beaucoup plus riches et fouillés pour ceux qui y vont à pied que pour ceux qui y vont en voiture.
Pour toutes ces raisons et d’autres encore, l'invitation est faite dans ce numéro de Symbioses à mener des projets éducatifs dans la rue : pour y ramener l’humain, pour lui donner l’envie et la confiance de s’y aventurer, pour y éveiller ses sens, pour y exercer sa créativité, pour y apprendre, pour prendre son autonomie, pour s’ouvrir à l’autre et aux différences, pour travailler au dialogue entre les usagers, pour y soulever des pavés et se frotter au politique, pour y mener des projets collectifs… Bref, pour se réapproprier cet espace de vie commun, dans ses diverses dimensions et, à cette occasion, former des écocitoyens.


Joëlle VAN DEN BERG


 

 

Joëlle VAN DEN BERG 
secrétaire générale du Réseau IDée