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Symbioses - Magazine - Editorial

Magazine Symbioses n°114 : Verdurisons le béton

Symbioses - Verdurisons le béton

Symbioses - qui vient de recevoir « Prix développement durable pour la presse 2017 » - sort un nouveau numéro, intitulé « Verdurisons le béton ». Dans un univers bétonné, cloisonné et maîtrisé, le besoin de soulever les pavés pour accueillir des coins de verdure grandit. Le magazine est parti à la rencontre d’initiatives de « verdurisation » de nos espaces humains, du home à la cour d’école, de la prison à l’entreprise, en passant par l’intérieur d’îlot urbain… Les objectifs sont variés et parfois inattendus : réveiller des désirs de nature, susciter des rencontres et de la convivialité, embellir des lieux bétonnés, offrir à des personnes déracinées, des lieux où se poser, s’exprimer. Au delà des réflexions, reportages et pistes méthodologiques, le magazine propose des outils pédagogiques et des bonnes adresses pour passer à l’action.

Date de parution : troisième trimestre 2017

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Editorial

Verdurisons le béton

On sème pour la vie

Ou quand verduriser le béton
transforme les lieux et les relations,
les regards et les imaginaires


Dans un univers toujours plus bétonné, plus cloisonné et maîtrisé, le besoin de soulever les pavés pour accueillir des coins de verdure grandit. En rédigeant ce numéro, Symbioses a constaté une éclosion d’initiatives de « verdurisation » se révélant bien souvent riches dans plusieurs dimensions : sociales, écologiques, politiques, économiques. De l’école au home, du quartier à l’intérieur d’îlot urbain, de la prison à l’entreprise… Emanant de collectifs ou suscitées par des partenaires extérieurs, ces initatives rassemblent des personnes aux horizons parfois très différents, que ce soit par l’âge, le statut social, la culture, les ressources économiques...


Réveillant des désirs de nature, éveillant des consciences, suscitant des rencontres, embellissant des lieux bétonnés, offrant à des personnes fragilisées, déracinées, des lieux où se poser, s’exprimer. Les objectifs sont riches, variés, complémentaires, parfois inattendus.


Côté environnement, ces expériences de verdurisation privilégient l’accueil d’une flore et d’une faune indigènes, l’absence de pesticides, des aménagements respectueux de l’environnement et, dans la mesure du possible, des approches « circulaires » (compost, récupération…) réduisant notamment les coûts et les nuisances. Il ne s’agit pas tant de mettre sous bulle une nature extraordinaire, que de créer « un maillage de zones où l'objectif principal n'est pas la protection de la biodiversité mais dans lesquelles on lui permet de cohabiter au cœur de l'activité humaine »1.


Sur le plan éducatif, une kyrielle de dimensions sont mises en jeux, sollicitant aussi des compétences moins valorisées : relationnelles, organisationnelles, manuelles, intellectuelles, artistiques, sensorielles. Pour les enseignants, de nombreuses disciplines peuvent être touchées à tous les âges : math, éveil, sciences, arts, français, philosophie, citoyenneté, psychomotricité…


Ce qui émerge également de ces projets, c’est l’expérimentation d’autres fonctionnements : des profs qui deviennent apprenants au même titre que leurs élèves ; des élèves dont on sollicite « l’expertise » lors des choix pour des aménagements de la cour ; des directeurs  d’institutions ouvrant des portes le plus souvent cadenassées ; des résidents s’impliquant dans un espace vert « au dehors » ; des enfants et personnes âgées créant des solidarités…


Alors que ces initiatives montrent des besoins forts de (ré)appropriation d’espaces communs extérieurs, de relations humaines et de (re)connexion avec la nature, nombre de choix d’aménagement du territoire persistent encore, aujourd’hui, à contre sens, vers plus de béton, moins de nature, moins de liens, comme le démontrent des exemples récents, parmi d’autres : l’implantation d’une méga-prison à Haren, ou encore un projet de route de contournement et l'extension du zoning à Perwez. Au nom de la rationalité, d’une prétendue et bien déraisonnable raison, jusqu’où déshumaniser ?


Puisse la multiplication de ces initiatives de verdurisation améliorer le bien-être des personnes, leurs relations à autrui dans leur diversité, la qualité de l’environnement et de la biodiversité, mais aussi, planter des graines de résistance vers plus de démocratie, de participation citoyenne et d’écologie.


Joëlle VAN DEN BERG


 
1. Selon les objectifs du Réseau Wallonie Nature, dont ce Symbioses fait largement écho

 

Joëlle VAN DEN BERG 
secrétaire générale du Réseau IDée