Aller au contenu principal

Symbioses - Magazine - Editorial

Magazine Symbioses n°121 : Un·e scientifique sommeille en vous ?

Symbioses - Un·e scientifique sommeille en vous ?

A l’heure des fake news et du climato-scepticisme, comment consolider les ponts entre approche scientifique et éducation à l’environnement ? Et pourquoi ? Que nous soyons élève, enseignant, animatrice ou citoyen, comment réveiller le ou la scientifique qui sommeille en nous ? Au sommaire, des réflexions pédagogiques, mais aussi des reportages inspirants, qui nous font passer d’une canette dans l’espace à l’intérieur d’un nichoir, de la qualité de l’air aux états de l’eau.

Date de parution : premier trimestre 2019

Téléchargez ce Symbioses (pdf)

Vous pouvez également le commander ou vous abonner

Accéder à la boutique en ligne
S'abonner à Symbioses
En savoir plus sur le magazine

Editorial

Un·e scientifique sommeille en vous ?

Notre avenir communs


« Les adultes volent notre futur sous nos yeux ! Quel est le sens d'apprendre des faits, si les faits les plus importants ne signifient rien pour notre société ? Nous voulons des preuves que les actions prises permettront de suivre la trajectoire des 2 degrés ! Dis à tes parents et aux adultes de soutenir notre grève, dis leur de nous rejoindre, dis leur que tu as besoin d'eux pour le futur ! »1


On y est. Tous les jeudis, aux quatre coins de la Belgique, mais aussi ailleurs dans le monde, des dizaines de milliers de jeunes exigent de nos responsables politiques que leurs décisions en faveur du climat soient à la hauteur des catastrophes annoncées. Ils et elles font grève pour leur futur. Avec une incroyable détermination, une redoutable efficacité, une précieuse  clairvoyance. Face à un avenir confisqué, ils et elles utilisent les rares leviers à leur disposition. La désobéissance et la force du nombre. Sans rien lâcher.

On les savait particulièrement préoccupé·es par les enjeux environnementaux2. Mais qui n’a pas été surpris·e par l’ampleur de ce courant écocitoyen ? On se réjouissait déjà des plus de 70 000 personnes, toutes générations conjuguées, qui avaient envahi Bruxelles en décembre. Désormais, ce courant prend les allures de raz de marée hebdomadaire, qui inonde les discussions et s’impose à l’agenda politique. Un courant d’ErE sans en avoir l’air. Car ces Jeunes pour le climat font de l’Education relative à l’Environnement (ErE) comme Monsieur Jourdain use de la prose. Sans le vouloir. En manifestant, cette « génération GIEC » interroge notre rapport à l’environnement. Quelle société voulons-nous ? Qui décide quoi ? Au nom de qui ? Quelle est notre espace de liberté ? Quelles sont nos contraintes ? En essayant de transformer le monde, ces jeunes se transforment   eux-mêmes. Ils s’informent et (nous) apprennent. Ils expérimentent et nous montrent « comment des gens ordinaires peuvent se mobiliser pour réaliser des choses extraordinaires », pour reprendre les propos de la Québécoise Lucie Sauvé (lire p.21). Quitte à désobéir si nécessaire. Une chose que beaucoup d’adultes ont oublié. Même ces ancien·nesjeunes qui, il y a un demi siècle, dans les rues de mai 68, scandaient « Soyez réalistes, demandez l’impossible ! ».


L’Education relative à l’Environnement, ces Jeunes pour le climat sont né·es avec elle, elle a grandi avec eux. Même si, parfois, ils ne se sont jamais croisés. Du coup, les enseignant·es, formatrices, animateurs, qui depuis des années plantent des graines d’écocitoyenneté au sein de leurs cours, de leurs projets ou de leurs animations, se disent que - peut-être - elles sont en train de germer. Car en ErE, on ne fait pas que transmettre des connaissances en matière d’environnement ou développer des émotions et une sensibilité. On veut aussi susciter l’esprit critique. On invite à s’engager à son échelle pour une société plus soutenable. Individuellement, chez soi, mais aussi collectivement  dans  des  groupes. L’écocitoyenneté comporte nécessairement ces deux facettes : d’une part, domestique et privée, d’autre part, politique et collective.

Toutes les écoles n’ont pas la même attitude face à ces manifestations. Beaucoup les soutiennent, les accompagnent ou les encouragent. D’autres les interdisent. Désobéir devient alors un apprentissage. Dans tous les cas, la motivation de ces élèves est un formidable levier pour atteindre les missions de l’école. Et cela peut se faire dans beaucoup de cours : aborder l’effet de serre en sciences, analyser les disparités régionales et les institutions en géo, organiser une joute orale sur l’insoumission dans le cadre du cours de français, écouter un documentaire en anglais, comprendre le lien entre capitalisme et changements climatiques en économie... Montrons l’exemple, ouvrons les portes pour préparer avec eux une société plus juste et une planète viable. « Ne les laissons pas seul·es. Seul·es dans leur demande de vie, seul·es dans leur demande de changement, seul·es dans leur courage, seul·es dans les rues », martelaient un collectif d’enseignant·es en soutien à ces manifs3.Tout en défendant leur autonomie. Rendez-vous le 15 mars, pour leur grève globale pour le futur !

Puis après, pour accompagner l’atterrissage et s’assurer qu’ils ne deviennent pas, demain, des adultes désenchantés.

 


Christophe DUBOIS



1. Extraits de l’appel rédigé par les jeunes bénévoles de Youth For Climate, pour une « grève globale pour le futur le 15/03/2019 »
2. Enquête "Génération Quoi" menée en Belgique francophone par l'Université de Namur, 2016
3. https://plus.lesoir.be/204953/article/2019-02-05/enseignement-et-climat-prendre-ensemble-le-risque-de-reussir

 

Christophe Dubois

Directeur général 

Envoyer un mail
0485 94 08 53