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Symbioses - Magazine - Editorial

Magazine Symbioses n°122 : Les chemins éducatifs de la transition

Symbioses - Les chemins éducatifs de la transition

Les initiatives de transition écologique ont le vent en poupe ! A la manœuvre, des citoyen·nes décidé·es d’apporter une réponse concrète et positive à un monde qui bascule. Ils sont rejoints par des écoles, des associations, des pouvoirs publics. Ensemble, ils montrent par l’exemple comment transformer à la fois nos modes de vie, notre culture, nos relations et le système politico-économique. Tout en ralentissant ! Les chemins pour y parvenir sont aussi variés qu’éducatifs. Ce sont ces chemins que ce nouveau dossier de Symbioses vous invite à parcourir.

Date de parution : deuxième trimestre 2019

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Editorial

Les chemins éducatifs de la transition

Transition politique & éducative


« Combien de temps encore la démarche pédagogique et éducative pourra-t-elle faire fi de la question de l’urgence des changements ? Mais pardi, ce temps est épuisé ! A partir d’où la militance ? Ne peut-on pas se contenter de développer la conscience politique, c’est-à-dire cette  faculté  profondément et exclusivement humaine au sein de la biosphère de pouvoir mesurer l’ampleur de sa propre responsabilité sur  a  estion de la cité (polis en grec) ? Responsabilité qui commence par l’obligation quasi anthropologique de s’interroger et de chercher à comprendre le sens de la vie collective, sociale, désormais étendu à l’ensemble de la planète et à toutes les générations futures. »


Ce propos nous vient de Jean-Michel Lex1, ancien président du Réseau IDée, décédé inopinément ce 2 avril, en se rendant à une manifestation pour le climat. Hommage à lui, à son engagement et à son incessant travail de plaidoyer pour une éducation au développement durable, qu’il exprimait notamment par cette double question : « Quelle Terre laisserons-nous à nos enfants ? Quels enfants laisserons nous à notre planète ? »

Au lendemain des élections, après 6 mois de marches pour le climat, la question politique est sur le devant de la scène. Mais le politique n’est pas qu’une affaire de partis, c’est aussi, comme l’exprime Jean-Michel, un questionnement permanent sur la société dans laquelle nous vivons et voulons vivre, sur les valeurs et les principes qui nous guident. C’est une question éducative. Car tout au long de la vie, aux côtés et en lien avec les apprentissages de base, se développeront - plus ou moins selon le bain éducatif, social et culturel de chacun·e - des aptitudes telles que l’écoute, l’ouverture, l’esprit critique, la créativité et l’engagement. Se construiront des capacités à problématiser2 des notions, parfois complexes, telles que l’égalité de droits, sociaux et environnementaux par exemple, la démocratie, le rôle de l’Etat, la capacité d’anticiper et d’innover aussi. Se forgeront des valeurs qui orienteront nos choix vers plus ou moins de compétition, de coopération, de solidarité, de responsabilité.

Désormais, la transition écologique s’est fait une place dans la plupart des programmes des partis. Peu ou prou. Mais de quelle transition parlons-nous ? Définie par qui, pour qui et pour quoi ? La question est importante, tant le terme est aujourd’hui utilisé à toutes les sauces, parfois comme un exhausteur de goût. Au bout du compte, sommes-nous aujourd’hui suffisamment nombreux·ses et préparé·es à construire une transition porteuse de progrès environnementaux et sociaux ? Cette question est autant politique qu’éducative. Et parce que l’éducation est fondamentale pour exercer notre réflexion critique et développer nos capacités de transformation, le Réseau IDée et ses membres ont rédigé un Mémorandum3 à destination des nouveaux gouvernements. Pour que l’Education relative à l’Environnement (ErE) imprègne les politiques régionales et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de manière transversale, volontaire, concertée et réfléchie, avec une attention particulière pour les personnes fragilisées et avec pour priorités les crises du climat et de la biodiversité. Pour que l’ErE soit concrètement intégrée au cursus tout au long de la scolarité, y compris dans l’enseignement supérieur. Pour que les lieux publics et éducatifs soient exemplaires en matière d’environnement. Pour que les associations d’ErE qui, tous les jours, sensibilisent, accompagnent et forment jeunes et adultes, voient leur soutien renforcé.

L’Education relative à l’Environnement est incontournable pour avancer vers la transition. Parce qu’elle laisse une large place à l’expérimentation et à l’expérience, et qu’elle incite à sortir sur le terrain, à rencontrer, à ressentir, à connecter les personnes et les groupes à leur environnement humain, naturel et bâti. Parce qu’elle promeut la coopération plutôt que la compétition, qu’elle invite à décloisonner les disciplines, les cultures, les points de vue, les âges. Et parce qu’elle apprend, en les vivant, les pratiques démocratiques. Espérons que la prochaine législature permettra au plus grand nombre de bénéficier d’une telle éducation.


Joëlle VAN DEN BERG



1. Jean-Michel Lex, enseignant à l’Institut Robert Schuman à Eupen, longtemps président du Réseau IDée et pilier du Collectif des écoles en développement durable (CEDD)
2. Démarches que l’on retrouve notamment dans le nouveau référentiel d’éducation à la philosophie et la citoyenneté en FWB
3. https://www.reseau-idee.be/memorandum2019

 

Joëlle VAN DEN BERG 
secrétaire générale du Réseau IDée