Aller au contenu principal

Symbioses - Magazine - Editorial

Magazine Symbioses n°133 : Biodiversité : tous reliés

Symbioses - Biodiversité, tous reliés

De la bactérie à l'humain en passant par l’arbre ou l’insecte, l'être vivant n'est jamais seul. Il n'est que relations. Des relations qui impactent nos vies. Car nous, humains, dépendons de la nature pour nous nourrir, respirer, nous soigner… Or la biodiversité est aujourd’hui menacée. Ce nouveau numéro de Symbioses part à la rencontre d'éducateurs et éducatrices qui emmènent petits et grands à la découverte de la nature et des nombreux liens qui relient les espèces, humains compris. Pour changer notre regard et notre rapport au vivant.

Date de parution : premier trimestre 2022 

Téléchargez ce Symbioses (pdf)

Vous pouvez également le commander ou vous abonner

Accéder à la boutique en ligne
S'abonner à Symbioses
En savoir plus sur le magazine

Editorial

Biodiversité : tous reliés

Un grain de sable dans l’engrenage

 

C’est l’histoire d’un grain de sable du Sahara (1). Emporté par une tempête, il traverse l’océan Atlantique pour retomber dans la forêt amazonienne, au milieu du plus grand réservoir de biodiversité au monde. Chaque année, 27.000 tonnes de sable parcourent ce même voyage (2). Là, ces grains enrichissent les sols. Stimulée notamment par cet engrais venu du ciel, la flore, d’une vitalité prodigieuse, grandit et génère 20 fois la quantité d’oxygène nécessaire pour permettre la respiration de tous les humains. Mais la vie très riche que la forêt abrite consomme tout sur place (3) !

Heureusement, les plantes dégagent aussi, par évapotranspiration, une énorme quantité d’eau qui, au gré du vent, va s'écraser sur les contreforts des Andes. Les gouttes descendent alors progressivement jusque dans l'océan en érodant la roche. Elles libèrent aussi dans l'eau de mer de nombreux nutriments, dont de la silice. Cette silice va permettre aux diatomées, des algues microscopiques, de constituer leur coquille. Diatomées qui sont capables de réaliser la photosynthèse.

Prenez une grande respiration. Puis une deuxième. Une de ces deux bouffées vous a été offerte par les diatomées.

L’histoire n’est pas finie. A leur mort, les diatomées coulent au fond de l’océan pour former des dépôts de coquilles. Ces dépôts finissent par émerger ailleurs, de par la tectonique des plaques. Par exemple pour former le désert du Sahara...

Cette histoire, c’est l’histoire de la vie. Une histoire d’interdépendances. Une parmi des milliers. Comme l’histoire de notre vie. Nous sommes toutes et tous une construction d’êtres vivants en interrelation. Notre corps – en particulier notre système digestif – abrite plus de bactéries que de cellules humaines. Sans elles, nous serions malades. L’humain dépend de la nature pour tout : se nourrir, respirer, se soigner, se chauffer… Pourtant, il la saccage. Une seule espèce en menace un million d’autres. La biodiversité décline aujourd’hui à un rythme 10 à 100 fois supérieur à celui des derniers millénaires. En cause : la destruction des habitats naturels, les pollutions, la surexploitation, les changements climatiques, le commerce mondial. En un mot, une course effrénée à la croissance – de la production, de la bétonisation, de la population – avec, comme carburant, la destruction de la nature.

Puisque tout est lié, cette histoire – dont nous pensons être les héros – est aussi une histoire de morts. La crise sanitaire que nous vivons depuis deux ans nous le rappelle. Presque toutes les pandémies connues (celles de la grippe, du VIH/SIDA et du COVID-19, par exemple) sont causées par des microbes d'origine animale, qui se transmettent à l’humain suite à des contacts (de plus en plus fréquents) avec la faune sauvage ou le bétail (4).

Les millions d’espèces de plantes, d’animaux, de bactéries qui peuplent notre planète ne sont pas juste un décor ou des ressources à (sur)exploiter. Au-delà des nécessaires mesures réglementaires pour réduire l'impact des activités humaines et rétablir les conditions de viabilité des espèces, c’est d’un changement culturel dont on a besoin. Cela passera notamment par l’éducation.

Pour faire humblement connaissance avec des espèces à la fois si lointaines et si proches. Pour comprendre nos altérités et nos liens au sein de la nature. Pour changer de regard et de façons d’être vivant (5).

 Pour vivre en symbiose.

 


Christophe DUBOIS, Directeur du Réseau IDée


 

Références:

(1) Histoire écrite par Gatien Bataille, disponible sur https://cooptic.be/licpro3/?HistoireOubliee/iframe

(2) Étude scientifique disponible sur https://bit.ly/sahara-amazonie

(3) L'affirmation souvent répétée que la forêt amazonienne produirait 20% de notre oxygène est basée sur un malentendu : on met en avant la production brute d’oxygène par la végétation au détriment du bilan net des processus biologiques. En réalité, presque tout l'oxygène respirable de la Terre provient des océans.

(4) Selon l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) - www.ipbes.net/pandemics

(5) B. Morizot, Manières d’être vivant, Ed. Actes Sud, 2020.

 

Christophe Dubois

Directeur général 

Envoyer un mail
0485 94 08 53