Éduquer à l’environnement à l’école, quelques avancées !

Les événements dramatiques qui ont frappé le Japon¹ nous rappellent avec véhémence la fragilité et la responsabilité des humains face aux risques naturels et technologiques, et en appellent notamment au déploiement de l’Éducation relative à l’Environnement (ErE) et au Développement Durable (DD).

L’école est certainement un des lieux - mais pas l’unique - où une telle éducation a sa place. L’ErE rencontre par ailleurs parfaitement - par le concret - les objectifs scolaires d’acquisition de savoirs, savoir-être, savoir-faire. Point n’est besoin d’un cours spécifique, l’environnement est par nature transversal et peut trouver sa place dans toutes les disciplines. Le cadre actuel de l’enseignement n’est pas un obstacle, mais pourrait être plus incitant, les Assises de l’Education relative à l’Environnement et au Développement Durable menées cette année l'ont démontré. Celles-ci ont consisté en des « allers-retours » entre le terrain, les écoles et les associations d’ErE, et l’institutionnel², pour se clôturer par une journée « événement », le 29 avril dernier (tous les détails sur www.assises-ere.be).

Peut-être faites-vous ainsi partie des 900 enseignant(e)s ou directeurs(trices) qui ont répondu au questionnaire ou à la cinquantaine d’entre eux qui ont participé à des Focus Groupes pour préciser les obstacles et leviers de l’ErE DD à l’école. De manière très synthétique, ressortaient le manque de temps, le sentiment d’isolement et l’excès de sollicitations comme obstacles majeurs et, comme leviers principaux, l’implication des élèves, le soutien de la direction, les ressources extérieures.

Avec ces Assises, quelques pas sont franchis : les différentes institutions concernées se sont mises autour de la table et se sont donné des objectifs assortis d’actions, dans lesquels chacune d’elles s’engage, selon ses moyens et ses compétences. Il n’est pas vraiment question ici de trouver des moyens nouveaux, mais bien de mieux articuler les moyens existants, déjà conséquents, de mieux prendre en compte les réalités de l’école et de partager davantage une culture d’ErE DD, tant au niveau des structures de l’enseignement qu’au niveau du secteur de l’environnement.

Concrètement et à titre d'exemples : des actions de sensibilisation seront menées à tous les étages de l'enseignement (inspection, réseaux, directions, enseignants...) ; l'Agers (Administration générale de l'Enseignement) mettra en place une « Task Force » ; les associations pourront se former aux modes de fonctionnement de l'école et du système scolaire ; l'inspection veillera à une présence plus explicite de l'ErE dans les référentiels interréseaux ; un outil apportera une vision plus globale de l'offre en ErE DD ; une plus grande cohérence sera apportée à la gestion environnementale des écoles... Enfin, un groupe de travail comprenant une personne désignée par chaque institution, veillera au suivi des actions et, nous l'espérons, à des actions nouvelles.

Outre ces engagements, ces quelques mois de travail commun entre les différentes institutions nous ont montré que :

• le système scolaire et institutionnel de la Belgique étant complexe, le travail en commun exige beaucoup d’institutions et de personnes autour de la table, et donc de temps... Il a fallu faire des choix (l'enseignement supérieur, à titre d'exemple, sera abordé dans un deuxième temps ; un groupe de travail bilingue bruxellois travaille en parallèle sur des questions spécifiques à la gestion environnementale des écoles...) ;
• le contexte scolaire est sensible, submergé, et ainsi prudent, ceci heureusement en contraste avec des personnes enthousiastes, rencontrées à tous les niveaux ;
• le contexte environnemental attend des évolutions urgentes de mentalités et de comportements alors que l'urgence n'est pas le rythme d'une démarche éducative, ni d'un système éducatif ;
• ces Assises, que nous avons voulues les plus « participatives» possible, constituent une étape, alors que certains trépignent et d'autres freinent ayant d'autres enjeux à gérer...

Passionnant, souvent complexe, parfois décevant, parfois enthousiasmant, ce processus a cependant donné lieu à de belles rencontres et collaborations que nous espérons voir essaimer sur le terrain. Des Assises riches d’enseignants et d’enseignements.

Joëlle VAN DEN BERG

1. Lire à ce propos, les pistes pédagogiques proposées par le Réseau IDée sur www.reseau-idee.be/japon
2. Les Ministères et administrations concernés par l’enseignement (en Communauté française) et par l’environnement (en Régions wallonne et bruxelloise), ainsi que les réseaux de l’enseignement.