Balade en paysage humide
Balade en paysage humide
Décembre 2024, par Sophie Lebrun
Un article du magazine Symbioses n°142 : Connaissez-vous vraiment le cycle de l'eau ?
L’eau est un des thèmes-phares du CRIE de Spa. Balade, avec une classe de primaire, dans la Fagne de Malchamps.
Photo : Sophie Lebrun
Sur les caillebotis, entre landes humides et tourbières
Brrrr, ce matin de début octobre, à l’orée de la Fagne de Malchamps et de la forêt, sur les hauteurs de Spa, l’air est humide et froid (7°C). Qu’à cela ne tienne : « On est en pleine forme ! », lance une élève à Anne-Catherine Martin, animatrice et coordinatrice du CRIE de Spa (voir nos Adresses utiles). En séjour dans la région, les 4e primaires de l’école communale Les Colibris (La Hulpe) viennent prendre l’air des hauts plateaux belges, le temps d’une balade-découverte de la fagne : évolution du paysage, marais, tourbières, flore…
Mine de rien, il y sera pas mal question d’eau. Première étape, donc : refaire le point, en dessins, sur le cycle de l’eau. Les réponses fusent : évaporation, condensation, précipitations…
La balade bouillonne de découvertes. On est ici à l’entrée des Hautes-Fagnes, région la plus pluvieuse du pays (deux fois plus de précipitations annuelles qu’à Bruxelles). « Justement, à Spa, l’eau on aime ça », poursuit l’animatrice. Allusion aux eaux minérales de Spa, qui cheminent durant plusieurs années dans le sous-sol fagnard avant de jaillir de différentes sources. En chemin, les élèves pressent des brins de sphaigne, étonnante « plante-éponge » typique de la région. Ils et elles se maquillent avec de l’argile, matière peu perméable qui freine l’infiltration. En manipulant des schémas, la classe retrace la formation des tourbières. Grâce aux récits de l’animatrice, les élèves découvrent comment l’humain, au fil des siècles, a vécu dans ce milieu humide rude, et transformé le paysage (déboisement, etc.).
« Avec des élèves plus âgés, on peut aller plus loin », nous explique Anne-Catherine Martin. Par exemple, évoquer le drainage des sols pratiqué pour la plantation massive d’épicéas dès le XIXe siècle. Et la nécessité de restaurer la capacité de rétention de l’eau de pluie de ces hauts plateaux – utile pour limiter les inondations en aval.
« Avec des élèves plus jeunes, on se lance dans la recherche de différentes pierres qui ont été dérobées au Lutin magicien et, de manière ludique, on découvre l’infiltration. » Les (demi-)journées d’animation incluent volontiers un moment au Musée de la Forêt et des Eaux, voisin du CRIE, qui offre d’autres supports pédagogiques.
« L’eau, c’est un thème super, s’enthousiasme Anja Campener, institutrice. C’est concret, c’est un aspect de la vie quotidienne et, en classe, on peut réaliser pas mal d’expériences sur les états de l’eau. » De leur côté, Anne-Catherine Martin et sa collègue Claire Halleux constatent que l’eau s’infiltre toujours, ne fût-ce qu’un peu, dans les animations du CRIE. « Les enfants aiment l’eau, regardez-les patauger dans une flaque ! Ici on a tout : l’eau qui s’écoule, l'eau qui percole, l’eau qui stagne, pas mal de pluie et de brouillard. On peut s'émerveiller devant l’eau rouge – ferrugineuse – d’un ruisseau, une trace d’animal dans la boue, ou peindre sur la neige, avec du jus végétal. » Tout est bon, dans le pouhon (1).
(1) Source d’eau gazeuse ferrugineuse, en wallon local.
L’eau, son cycle et d’autres sous-thématiques sont abordés dans des animations proposées par une volée d’associations. Retrouvez-les dans nos pages S’entourer. Nous vous invitons aussi à (re)lire des articles publiés dans Symbioses n°132 et n°134 et disponibles en ligne. Notamment L’eau dans tous ses états, qui porte sur le programme Classes d’eau proposé aux écoles wallonnes ; Dans la peau d’un·e expert·e, sur l’activité Risques naturels et technologiques de l’asbl Les découvertes de Comblain ; et Contre la pollution, agir à la source, sur les animations Ici commence la mer, menées par les Contrats de rivière.