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Article Symbioses

Un repair café à l'école

Un repair café à l'école

Un Repair Café à l'école

2è trimestre 2020, un article de Christophe Dubois
Un article du magazine Symbioses n°126 : Zéro déchet

Plusieurs fois par an, des ateliers de réparation d’objets divers, ouverts à toutes et tous, sont animés par les élèves de l’Institut Technique de Namur, en collaboration avec les habitant·es et la Maison de Quartier voisine. De quoi concilier environnement, apprentissages et cohésion sociale !


Photo ©Guy Brunin

Photo ©Guy Brunin

Une douzaine d’élèves de 4e année de réorientation en électro-mécanique de l’Institut Technique de Namur (Centre Asty-Moulin) s’affairent au sein de la Maison de Quartier de la cité sociale Germinal, à côté de l’école. Aujourd’hui, ils organisent leur traditionnel Repair Café ! Quatre vendredis après-midi par an, les voisin·es viennent y réparer gratuitement leurs machines : vélo, grille-pain, tondeuse, ordi... Ici, un grand gaillard ressuscite un vieil ampli, sous l’œil satisfait de son enseignant. Sur la table d’à côté, fer à souder entre les doigts, un étudiant montre à une personne âgée ce qui cloche avec son moule à gaufres. Pendant ce temps, l’imprimante 3D façonne un bouton de four. Besoin d’une pièce en bois ? On traverse la rue pour aller la fabriquer à la section menuiserie !

C’est Guy Brunin, enseignant en électro-mécanique, qui a lancé l’initiative avec ses élèves et quelques collègues, il y a deux ans : « Ces jeunes sont en réorientation, ils n’ont pas d’acquis en électro. Il fallait donc les accrocher rapidement. En s’investissant dans le Repair Café, ils perçoivent immédiatement l’aspect concret de leur formation, et leur utilité sociale et environnementale. Ça les mobilise ! » On n’en doute pas, à voir les mines réjouies lorsqu’un mixer à soupe tourne à nouveau. Encore un objet qui ne finira pas à la poubelle, victime d’une obsolescence trop souvent programmée par les fabricants.

Se relier

L’ouverture de l’école sur le quartier est une priorité de l’ITN. Elle est d’ailleurs labellisée Ecole Communautaire Entrepreneuriale Consciente, une démarche pédagogique fondée sur le décloisonnement de l’école, et qui propose aux élèves de développer eux-mêmes des projets en interaction avec les acteurs socio-économiques et culturels des alentours. Ainsi, les élèves de 4e ont d’abord soumis leur projet à des étudiant·es de la faculté d’économie de l’Université de Namur, pour bonification. Ils l’ont ensuite présenté lors d’une réunion des aîné·es de la Maison de Quartier. « Les habitant·es étaient enthousiastes. Certain·es nous ont même proposé leurs compétences, pour réparer avec nous, se rappelle Guy Brunin. Ici, les élèves voient le résultat. Non seulement une trentaine d’objets sont réparés par session, mais leurs résultats scolaires aussi sont en hausse. Même leurs relations se sont améliorées, avec les enseignant·es qui aident à chaque table et à l’accueil, mais aussi avec les habitant·es qui voient désormais ces ados différemment. »

La convivialité, c’est le côté Café du Repair. Avec les petits gâteaux de la section boulangerie en guise de dessert. « La plus grande crainte des écoles, c’est la responsabilité en cas de défaut de la réparation. Mais les participant·es qui apportent un appareil doivent toujours accepter une clause de non-responsabilité », précise Guy Brunin. Sachant cela, et tous les bénéfices éducatifs, qu’attendent les écoles pour s’y lancer ?  Elles commencent, timidement. L’ITN a fait des petits, à Jodoigne, à Belgrade (lire article p.14). « C’est possible de la maternelle au supérieur. Pour les écoles techniques et professionnelles, c’est une mise en pratique de leurs savoir-faire, souligne Emmanuel van der Bruggen, de l’association Repair Together. Ça leur permet de tester avec de vrais objets et de vrais client·es. L’idée est qu’ils réparent non pas “pour” mais “avec” le visiteur, qu’ils partagent et vulgarisent ce qu’ils ont appris aux cours. Pour donner envie au visiteur de réparer lui aussi. Ça permet également d’en apprendre plus sur l’impact de nos objets. »

A la source

Repair Together, partenaire de l’ITN, veut aussi régler le problème à la source. Avec ses homologues des autres pays, l’association est membre de la campagne pour le Droit à la Réparation (Right To Repair) qui défend l’instauration de lois au niveau européen pour mettre sur le marché des produits plus durables et réparables. En attendant l’Europe, Guy Brunin et ses élèves ont déjà présenté leur projet au Parlement fédéral, et réparé les appareils des élu·es, pour les inciter à adopter un projet de loi sur l’obsolescence programmée. A la question de savoir si ce projet répond aux exigences du programme scolaire, l’enseignant répond sans détour : « En électro-mécanique, complètement. Et quand bien même : on doit aussi leur apprendre à travailler en équipe et à être acteur de la société ! »

Contacts
ITN (Centre Asty-Moulin à Namur) - Brunin Guy - asty-moulin@repaircafenamur.be
Repair Together - info@repairtogether.be - 0475 37 68 02 
(voir aussi nos adresses utiles en pdf)

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