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Article Symbioses

A l’école de l’arbre

A l’école de l’arbre

A l’école de l’arbre

3è trimestre 2019, un article de Céline Teret
Un article du magazine Symbioses n°123 : Apprends-moi l'arbre

Dans le Tournaisis, l’école Les Apicoliers 2 expérimente l’école du dehors, dans un bois, une fois par mois. Avec l’accompagnement ponctuel d’un animateur en éducation à l’environnement, l’instituteur de 3e primaire puise en forêt toutes les ressources nécessaires aux apprentissages et au bien-être de ses élèves.


© Les apicoliers 2

Photo ©Les Apicoliers 2

« Regarde, Léonie, notre arbre est là-bas. » Jade se détache du groupe et court vers un haut peuplier. Elle et son amie Léonie ont choisi celui-là, précisément, parmi des milliers d’autres qu’abrite le bois de Froyennes. A chaque sortie, les enfants de 3e primaire de l’école Les Apicoliers 2, située à quelques kilomètres de là, à Kain, démarrent leur journée en forêt en allant dire bonjour à leur ami l’arbre. « On lui parle, on lui dit ce qu’on ressent, ça fait du bien, il ne se moque jamais », poursuit Jade. Plus loin, Luna, elle, se couche de tout son long sur un arbre au sol : « Je l’ai choisi parce qu’il est tombé. Comme ça, il a quelqu’un pour s’occuper de lui. » Raphaël, lui, s’agrippe aux branches de son noisetier, tel un pirate sur le mât de son bateau.

Un programme dehors

Leur instituteur, Martin Louiset, bat le rappel. Les enfants accourent vers l’espace de rassemblement, contournant au passage la cabane en bois et les décos forestières créées de leurs mains lors des précédentes sorties ou par d’autres enfants. La météo est menaçante. Philippe de Saint-Louvent, animateur du CRIE de Mouscron, a tendu une large bâche de part et d’autre de l’espace, délimité par une palissade faite de branchages tressés. Les enfants connaissent Philippe. L’animateur les accompagne occasionnellement dans le cadre du projet d’école du dehors des Apicoliers 2, qui concerne cette classe de primaire et une autre, de maternelle. Les élèves de la classe de Monsieur Martin sortent une fois par mois. Leur instituteur, à l’aise avec les techniques d’apprentissage en extérieur (peu importe le temps) et convaincu des bienfaits de l’école du dehors, a rapidement pris son autonomie. « Le programme scolaire se trouve dehors, lance-t-il en aparté. Apprendre les longueurs en classe, assis sur un banc, ou mesurer sur le terrain pour expérimenter réellement ce que représentent 4 mètres, ce n’est pas la même chose. A chaque sortie au bois, je fais le bilan des compétences acquises. Les compétences principales touchent souvent à l’éveil scientifique, mais il y a toute une série de compétences transversales, aussi, en maths, en français… Et bien entendu, le relationnel, le savoir-être. Ça leur fait beaucoup de bien d’être dehors, ça se ressent dans les apprentissages et dans leurs comportements. »

A la découverte de l’arbre

Parfois, l’instituteur se repose sur l’expertise de l’animateur du CRIE de Mouscron. Aujourd’hui, l’arbre est le cœur de l’animation menée par Philippe. Avant d’entrer dans le vif des apprentissages, les enfants passent par la case sensorielle, avec une activité les yeux bandés. Il s’agit alors de toucher l’arbre, de le sentir, de le ressentir... Ensuite, Philippe distribue des cartes d’identité des arbres, à compléter. A partir d’un arbre choisi et par groupe de deux, les élèves doivent mesurer sa circonférence, sa hauteur, analyser ses feuilles, son écorce… Et toute une série d’informations utiles à son identification. « Pour mesurer la circonférence, vous prenez le mètre, explique Philippe, démonstration à l’appui. Et pour la hauteur, vous utilisez le dendromètre. Vous le portez à votre œil et quand, en bas, vous voyez le pas du tronc et, en haut, la cime, vous vous arrêtez. Vous mesurez alors la distance entre vous et l’arbre, à l’aide du mètre ou du décamètre. Cette distance, c’est la hauteur de l’arbre. Vous la notez sur votre papier. » Et Martin d’intervenir ponctuellement en s’adressant à ses élèves : « C’est quoi l’unité de mesure pour la circonférence ? Et pour la hauteur ? Il y a combien de centimètres dans un mètre ? C’est quoi la cime de l’arbre ? » Au moment d’identifier les feuilles et leurs nervures, Martin réunit ses élèves pour un bref rappel de la matière. Tout au long de la journée, les allers-retours entre l’animateur et l’instituteur sont constants.

Après une bonne tartine au coin du feu ou quelque part lové·es dans les bois, les enfants se rassemblent pour une après-midi sous le signe de la créativité. Au départ d’un morceau de branche de noisetier et d’une feuille de lierre, Philippe propose de réaliser un petit instrument de musique aux sonorités proches du cri d’un oiseau de la forêt, la buse. Plus tard encore, Martin invitera ses élèves à façonner des visages sur les arbres, à l’aide de boue et de feuilles. Parce que l’art, aussi, fait partie du programme scolaire et parce que, là encore, la forêt s’y prête bien.

Contacts :
- CRIE de Mouscron - 0483 67 93 20 - www.criemouscron.be
- Ecole communale Les Apicoliers 2 - 069 22 66 69 - https://apicoliers.weebly.com/apicoliers2.html

©Les Apicoliers
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Photos ©Les Apicoliers 2

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