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Article Symbioses

Leurs objets incontournables

Leurs objets incontournables

Leurs objets incontournables

Décembre 2022, témoignages recueillis par Sophie Lebrun, Corentin Crutzen et Lucie Tesnière
Un article du magazine Symbioses n°136 : Dehors pour apprendre


Chacun·e a ses petits trucs, ses outils phares, pour dynamiser les sorties en nature avec une classe ou un groupe, pour y instaurer des rituels ou pour améliorer le confort.
Quelques professionnel·les de l’éducation décrivent les objets qu’ils et elles ont toujours à portée de main. Des objets pratiques, pédagogiques ou symboliques.


Un chariot

Pour transporter leur matériel, nombre d’enseignant·es et animateurs optent pour un chariot, où ils et elles glissent leurs outils pédagogiques, la trousse de secours… « Nous y mettons aussi de l’eau et des gobelets, les collations et quelques vêtements de rechange. Comme ça, les enfants sont vraiment libres, ils ne sont pas encombrés par un sac à dos », explique Michèle Eloy, institutrice accompagnant des classes de primaire à Verviers et Sart-Jalhay. En plus, les enfants adorent le tirer et, pour ce faire, ils s’entraident. « Il sert aussi à la sécurité : le chariot est devant, on ne le dépasse pas », témoigne Caroline Chais, institutrice maternelle à l’école communale de Ghoy. 

Des cymbales (ou un autre instrument)

« J’utilise des cymbales, pour rassembler. C’est la première règle que je pose : quand mes cymbales sonnent, on se rassemble, on se met en cercle, confie Thibaut Bayet, animateur à La Leçon Verte. C’est aussi ce qui me permet de commencer l’histoire qui va être le fil conducteur de ma sortie (je les fais sonner trois fois et j’ajoute une formulette). C’est un outil qui amène un rituel. Et d’un point de vue pratico-pratique, cela me permet d’économiser ma voix. » Cymbales, tambour, flûte, bol tibétain, appeau… sont des objets fédérateurs qui aident à instaurer un cadre lors des activités en nature. 

Une grande bâche en plastique

Facile à transporter et d’un coût raisonnable, la bâche peut avoir de multiples utilisations : « elle nous sert de toit pour nous abriter de la pluie, on s'y installe pour faire de la peinture au sol ou pour raconter des histoires, explique Cécile Hankenne, animatrice à l’ASBL Un pas de côté. Elle matérialise notre lieu, elle est le point de repère au milieu de la forêt ». Elle peut s’installer assez rapidement, et « quand c'est l'heure de s'en aller, on la replie, il ne reste plus de trace de notre passage ». 

Dehors pour apprendre Symbioses 136

Photo : Céline Teret

Une marionnette

« Capucin est une peluche marionnette, un petit écureuil que les enfants et moi faisons parler, explique Caroline Chais. Il explique des choses sur la nature et sur la protection de l’environnement (laisser le moins de traces possibles de notre passage, par exemple).

Il m’aide à retrouver l’attention des petits – il y a tellement de stimulations dans la nature que certains ont envie de tout voir, tout sentir – et à donner les consignes de sécurité. Par le biais de ce petit écureuil farceur qui saute sur les têtes des enfants, les messages passent plus facilement. Les enfants reprennent Capucin chez eux le week-end, pour qu’il ne reste pas enfermé dans la classe.

Quand on l’oublie, Capucin râle. Et quand il est en pleine nature, il sautille et partage son plaisir d’être dehors. » 

Un album jeunesse ou une « boîte à histoires »

Myriam Ingelrelst, institutrice maternelle à l’école du Sacré-Cœur d’Ecaussinnes, débute ses journées dans les bois par la lecture d’un album jeunesse. « Elle permet d’introduire le thème de la journée, et peut déboucher à la fois sur des activités préparées et des activités qui laissent libre cours à l’imagination des enfants. »

Presilia De Vries, animatrice au CRIE de Villers-la-Ville, elle, ponctue ses animations de contes : « J’utilise ces histoires, tantôt pour créer un moment de retour au calme, tantôt pour rebondir sur un événement inattendu (un écureuil qui passe par exemple), ou pour amener une réflexion sur un sujet. » 

Un chapeau-animal

On peut fabriquer soi-même ou acheter un chapeau version renard, chouette ou grenouille, que les enfants portent à tour de rôle, explique Christine Partoune, enseignante honoraire à l’HELMo-département pédagogique. Il permet de raconter une histoire, de susciter des questions ou faire des petits jeux de rôle :

« Tiens, si une grenouille est là quelque part, non loin de nous, que pense-t-elle, par exemple quand nous crions ? ». Le chapeau d’animal est ainsi « un outil d’éducation au respect du vivant.

L’enfant s’identifie à l’animal, et l’on fait apparaître de manière forte des animaux qu’on voit rarement en sortie, on fait comprendre qu’ils sont là, et qu'on est chez eux. On s’interroge. »

Symbioses 136 Dehors pour apprendre

Photo : Christine Partoune

Un canif

Tailler, cuisiner, sculpter… : le couteau de poche (type Opinel) a différentes fonctions, en sortie nature. « On l’utilise notamment pour fabriquer des stylos, des spatules en bois ou des pipoirs (un genre de sifflet) », témoigne Olivier Embise, animateur au CRIE de Saint-Hubert. Non sans prendre quelques précautions : « Avant de commencer, on revoit à chaque fois les principes de sécurité d’utilisation du couteau. Et avec les enfants, on passe un “permis couteau” ». Il sert aussi, par exemple, « à couper des champignons ou des fruits, pour en découvrir l’intérieur ou pour les manger, à couper de la corde pour fabriquer des cabanes… », indique Lola Diverse, du CRIE de Spa. 

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Photo : Sophie Lebrun

Une montre

Eléonore Danhier, formatrice et animatrice chez Jeunes & Nature, a toujours sa montre au poignet. « Je regarde le timing pour me rassurer et si une activité prend plus de temps que prévu, je laisse faire, mais cela me permet d’anticiper la suite et de l’adapter, pour respecter le timing. C’est important pour moi. » 

Une boisson chaude

« Une tisane ou une autre boisson chaude est la promesse d’un moment de pause tous ensemble. Elle réchauffe les mains, le corps et le cœur », témoigne Jean-François Garraux, animateur au CRIE de Saint-Hubert. Emmenée dans un thermos ou préparée sur le feu, elle agrémente joyeusement les sorties hivernales. 

Des dalles en mousse

« Nous emportons toujours des petits mousses », raconte Nathalie Sottiaux, institutrice maternelle à l’école Saint-Michel à Esneux.

Ces « coussins » tout légers – que l’on peut attacher aux sacs à dos – apportent un confort bienvenu en sortie, surtout par temps humide. « Un jour, on s’en est servi pour se protéger de la grêle ! » Ce n’est pas tout. « Les enfants jouent avec. Ils en font des jumelles (en regardant par les trous), ils créent des parcours pour y ramper comme des serpents... Parfois, je leur propose de les poser sur la tête et de marcher sans les faire tomber. Et ces mousses — offerts par l’association de parents – sont utilisés pour d’autres activités dans l’école, dans la cour… » 

Symbioses 136 Dehors pour apprendre

Photo : Céline Teret

Des loupes

Elles permettent d’observer de plus près ce qui vit sur et sous une écorce, au ras du sol… À glisser par exemple dans le matériel mis à disposition des enfants pour les moments de jeu libre. La loupe peut être « une belle porte d'entrée pour l’imaginaire, souligne Thibaud Bayet. Je propose aux enfants de se mettre dans la peau d’astronautes qui viennent d’arriver sur une nouvelle planète, dans un autre univers : la loupe leur permet de décrire les observations qu'ils font dans ce monde de l'infiniment petit. L’un décrit au copain d’à côté, puis ils échangent les rôles. »

Pour répondre à l’approche plus naturaliste de certain·es participant·es (par exemple l’envie d’identifier tel animal ou végétal…), on peut aussi leur proposer un ouvrage sur la nature ou des clés de détermination (1).

Une toilette mobile

Les pipis et cacas en nature, sans assise, c’est tout un apprentissage. Pour y aller progressivement avec certains tout jeunes enfants qui sont rebutés par cette pratique, Caroline Chais emporte sa « toilette mobile ». Rien de bien compliqué : « C’est un pot jaune sans fond. Les enfants font un trou, s'assoient sur la toilette mobile, font leurs besoins et rebouchent le trou. » 

A ne pas oublier

Une trousse de secours pour les premiers soins, du papier toilette (on peut aussi emporter une petite pelle pour ne pas laisser de traces) et éventuellement de quoi se laver les mains avant de manger (eau, savon, essuie). 


(1) Par exemple les éventails environnement (plantes sauvages, papillons…) édités par la Région wallonne, clés visuelles simples qui aident à identifier quelques espèces de chez nous. Gratuits, à commander (sinon télécharger) via ediwall.wallonie.be (taper “Eventail environnement”). Ou les dépliants d’identification édités par Bruxelles Environnement, à commander au 02 775 75 75 ou à télécharger.

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