La journée au musée
La journée au musée
Septembre 2023, par Corentin Crutzen.
Un article du magazine Symbioses n°138 : Insectes et autres petites bêtes
Phasmes, araignées, blattes, punaises… Ces petites bêtes qui nous font peur et donnent envie de nous gratter (1) sont les attractions d’Hexapoda, à Waremme. Immersion au coeur de ce « temple des insectes » pour les découvrir et comprendre leur importance.
« Ne l’ouvrez pas ! », s’écrient en coeur les enfants, apeuré·es par une boîte contenant ce qui ressemble à une mygale. Amusé, Arnaud Campion, l’un des animateurs d’Hexapoda, ouvre la boîte, à la stupéfaction des enfants, mais les rassure rapidement. Il ne s’agit que d’une exuvie, la « peau » rejetée par l’araignée lors de sa mue. Elle est intacte et l’on peut voir qu’elle s’est extraite de cette enveloppe par son abdomen. Les enfants sont à la fois fascinés et craintifs.
« Souvent, on a peur de ce qu’on ne connaît pas », explique Isabelle Cerfontaine, enseignante de 2e primaire à l’école Sainte-Croix de Hannut. « C’est pour cela que nous emmenons les élèves ici, pour leur faire découvrir les insectes et pour qu’ils les protègent car, sans eux, il n’y a pas de vie. »
Un espace interactif
Durant toute la matinée passée à l’insectarium Hexapoda, situé à Waremme, les élèves ont pu découvrir de près des espèces d’arthropodes qu’ils n’avaient jamais vues auparavant. Bien qu’appelé insectarium, le musée n’expose pas que des insectes. « Quand on demande aux enfants ce que c’est un insecte, raconte Arnaud Campion, beaucoup citent l’araignée, le scorpion ou encore le mille-pattes. Cela nous permet de corriger leurs représentations, en leur expliquant que ces animaux font partie de la grande famille des arthropodes mais que ce ne sont pas des insectes. »
C’est ainsi que commence la visite du musée, fraîchement rénové et agrandi, pour en faire un espace interactif encore plus ludique et pédagogique à destination des écoles et du grand public. Après quoi, les enfants partent à la découverte des habitants du lieu, notamment un certain nombre d’espèces exotiques – « généralement plus grandes et donc plus faciles à observer », explique l’animateur.
« Madame, la mante religieuse, elle ressemble à une feuille », interpelle un enfant. Nathalie Colon, animatrice, raconte que les insectes ont développé des techniques étonnantes pour se camoufler ou faire peur à leurs prédateurs. La mante religieuse imite ainsi la forme d’une feuille et le phasme scorpion se met dans une posture de scorpion pour effrayer ses prédateurs, explique-t-elle, tout en montrant aux enfants impressionné·es l’insecte en action dans sa main.
Sciences amusantes
Outre la découverte d’espèces exotiques curieuses, le musée propose d’entrer dans le monde des insectes par les sens. Les enfants sont invité·es à voir, à toucher, à sentir, à écouter les insectes grâce à des dispositifs ludiques : boîtes mystères, diffuseurs d’odeurs, passages dans le noir, etc. De nombreuses maquettes et tableaux explicatifs jalonnent le parcours pour amener du contenu scientifique. Histoire d’apprendre en s’amusant.
C’est ce que l’équipe d’animation propose au travers de ses activités (2), comme celle sur le cycle de vie, que les élèves ont vécue durant cette matinée. Au travers de différentes espèces, ils ont découvert l’évolution des insectes au cours de leur vie, comment ils muent, et ont même appris des mots compliqués tels que « exuvie » ou « exosquelette ». « Le grand intérêt de cette visite est de rendre les choses plus concrètes pour les enfants, explique Julie Bots, enseignante à l’école Sainte-Croix. En classe, nous travaillons avec le projecteur, on a des images devant nous. Ici, on peut voir les insectes en vrai. »
Le cycle de vie des animaux faisant partie du programme de 2e primaire, les enseignant·es avaient préparé la visite depuis plusieurs semaines, celle-ci marquant l’aboutissement du projet. Les élèves ont ainsi pu découvrir une diversité d’espèces vivantes mais aussi naturalisées puisque leur visite s’est terminée par le conservatoire.
6 millions de spécimens conservés
Fondé par trois entomologistes, Hexapoda est devenu récemment l’un des plus grands conservatoires d’Europe, rassemblant de nombreuses collections venant des universités de Gembloux et de Liège mais aussi de collections privées. Au total, plus de 6 millions de spécimens naturalisés venant du monde entier y sont conservés précieusement. Un espace unique pour les étudiant·es, chercheurs, chercheuses et entomologistes passionné·es.
Face à la disparition des insectes, Hexapoda est une porte d’entrée privilégiée vers un monde souvent méprisé, dont nous aurions tort de négliger l’importance dans l’équilibre des écosystèmes (3).
Infos : 019 32 49 30 - www.hexapoda.uliege.be
(1) Lire l’article Poux, puces, punaises de lit : pourquoi ça nous démange lorsqu'on en parle ? sur le site de France Culture.
(2) Diverses animations sur les insectes sont proposées à Hexapoda, notamment sur des espèces indigènes observées dans leur milieu naturel, au sein du jardin entomologique jouxtant le musée. Voir la fiche d'Hexapoda et Adresses utiles.
(3) Voir article Insectes en déclin, humains en péril
Photo : Corentin Crutzen
Photo : Corentin Crutzen