Article Symbioses

Vous avez dit « nuisibles » ?

Septembre 2023, par Sophie Lebrun.
Un article du magazine Symbioses n°138 : Insectes et autres petites bêtes

Dans le spectacle Nuisibles, la compagnie jeune public Alula met en scène le monde grouillant, fragile et fort à la fois, des petites bêtes.

Quelques insectes (et une araignée) se partagent un espace vert, chacun absorbé par ses besoins quotidiens et ses aspirations profondes. Le bousier rêve de porter un nom plus valorisant (El Nettoyor ? Musclor ?), les fourmis ont la tête pleine de questions, la chenille se sent toute bizarre... Mais des dangers guettent ; petit à petit, leur espace vital rétrécit. Dans le spectacle Nuisibles, la compagnie jeune public Alula met en scène le monde grouillant, fragile et fort à la fois, des petites bêtes. (1)

« On voulait attirer l’attention sur ce monde “invisible”, en le montrant en grand format », explique Sandrine Bastin, comédienne-marionnettiste et co-directrice d’Alula, au terme d’une représentation donnée à Liège. « L’objectif, tout en émerveillant le public, est d’attirer son attention sur le non-partage du territoire pratiqué par les humains. Ils se l’approprient au détriment d’autres êtres vivants. » [NDLR : des humains suggérés, dans le spectacle, par le bruit d’une tronçonneuse, d’un marteau piqueur…] Un thème pas si simple, pour un spectacle ciblant les enfants à partir de 8 ans, « alors que les livres et créations jeune public évoquant les insectes s’adressent souvent aux plus petits ».

Dans Nuisibles, on ne verra pas d’insectes rendus artificiellement mignons ou monstrueux : les – magnifiques – marionnettes ont été voulues « les plus réalistes possible ». La compagnie a aussi veillé à mettre en scène des espèces autochtones très courantes, et à réhabiliter des mal-aimées telles l’araignée, la guêpe ou la punaise.

Dans le spectacle, les bestioles sont dotées de la parole. Mine de rien, au travers de leurs propos poético-philosophiques, rigolos ou plutôt scientifiques, on en apprend pas mal sur les insectes, leur cycle de vie, leurs prouesses et surtout leurs liens d’interdépendance avec les autres vivants – dont les végétaux.

« Le thème de la solidarité nous tenait aussi à coeur, souligne Sandrine Bastin. A la fin, tous les insectes s’entraident pour en sauver un autre – une liberté qu’on a prise avec la réalité. En filigrane, il y a l’idée que l’humain devrait davantage coopérer avec les autres espèces. Le spectacle est un point de départ pour discuter et agir sur le thème : comment mieux cohabiter ? »

D’autres questions parsèment le dossier de présentation et le carnet pédagogique (2) : « Qui fait partie du monde vivant ? Que reste-t-il de sauvage autour de nous ? Que veut dire “nuisible” et qui est le véritable nuisible de cette histoire ? » Des thèmes que les acteurs de l’éducation à l’environnement peuvent aider à éclairer, en amont ou en aval du spectacle.

(1) Représentations scolaires et tout public d’octobre 2023 à juin 2024, en Wallonie et à Bruxelles. https://alula.be
(2) A télécharger sur https://alula.be/nuisibles.html