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Article Symbioses

Du cimetière à la rue

Du cimetière à la rue

Du cimetière à la rue

1er trimestre 2021, par Christophe Dubois
Un article du magazine Symbioses n°129 : L'environnement (se met) en scène


Ecoscénique relie l'expression artistique, les enjeux environnementaux et les innovations sociales.
Des spectacles colorés d’humour et de poésie, d’infos et d’impro.


Debout à côté d’une pierre tombale, en pantalon phosphorescent et binette à la main, Frédéric Jomaux joue au fossoyeur. Son nirvana : le cimetière nature. Bien plus jouissif que les « 50 nuances de gris » des graviers et du marbre. « Le cimetière, après tout, c'est le lieu de vie de notre mort. Alors autant qu'il soit vivant ! » lance l’artiste tout sourire. Son spectacle, Six pieds sous l’herbe, tourne dans les associations et les administrations communales. Mélanie Marion, écoconseillère pour la commune de Rixensart, est très élogieuse : « On avait déjà fait des séances d’info et des conférences sur le zéro pesticide. Mais avec Frédéric et son association Ecoscénique, il y a un ton décontracté et ironique qui fonctionne beaucoup mieux. Il dépose un savoir réel et scientifique, par l’humour, en interagissant avec le public, et les gens comprennent directement. J’aime amener le changement par le culturel, il faut qu’on s’amuse. Les agents communaux et les habitants viennent d’abord voir un spectacle. En rigolant, il y a plein de choses qu’on accepte. »

La représentation est suivie d’un débat avec la salle. L’occasion de rappeler que tout ce qui est dit lors du spectacle est vrai, de revenir sur la législation interdisant l’usage de pesticides, sur les difficultés rencontrées par les agents communaux. Puis de donner quelques conseils, sans culpabiliser !

De la technique à l’artistique

Il faut dire que Frédéric, ingénieur en horticulture de formation, connaît bien la thématique. Avant de se consacrer pleinement à sa passion pour la scène, il a conseillé techniquement les communes en matière de gestion différenciée des espaces verts. « J’ai souvent été amené à informer divers publics sur la nécessité de réduire l’utilisation des pesticides pour préserver la biodiversité, et à leur expliquer comment faire. Puis j’ai voulu toucher un public plus large, moins convaincu, en apportant des propositions décalées et plus percutantes. Nous avons alors créé l’association Ecoscénique, avec ma comparse Virginie Hess. Nous voulions travailler sur l’imaginaire via différents types d’arts (lire encadré plus bas), avec un message positif et léger, tout en faisant passer de l’information. C’est notre façon de participer au nécessaire changement culturel. »

A côté de Six pieds sous terre, Ecoscénique propose de tout nouveaux spectacles sur la perte de biodiversité, dont La lumière broie du noir, qui aborde la pollution lumineuse. On y découvre les points communs entre la sexualité des crapauds et celle des hommes. Mais aussi Des zabeilles et moi, qui nous invite à une assemblée générale où des insectes pollinisateurs truculents parlent de leur déclin. Ou encore On s’est planté ?, un spectacle de rue. D’autres sont dans les cartons, sur d’autres thématiques environnementales, en attendant le déconfinement…


Infos : www.ecoscenique.be

L’écran des possibles

Pour les écoles, associations, organismes publics ou culturels, Ecoscénique propose aussi des cinés-débats inspirants autour de la transition écologique et sociale.

Le principe est simple : l’organisateur choisit un film au sein d’un large catalogue en ligne (en partenariat avec PointCulture), sur différentes thématiques (habitat, agriculture, mobilité, éducation…). Et le jour J, Ecoscénique vient avec le matériel et anime le débat, en partant du film et d’expériences menées dans la commune, en invitant un témoin ou un·e expert·e. « L’idée du débat, c’est de susciter la mise en place d’actions concrètes au niveau local, explique Frédéric Jomaux. Une fois inspirés par le film, les gens découvrent ce qui se fait ou pourrait se faire près de chez eux - un potager collectif, une ressourcerie -, ils se rencontrent et continuent le débat autour d’un verre. »

Une formule clé sur porte qui a séduit de nombreux collectifs !

Symbioses 129

Photo : ecoscenique

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